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Mareterra : le nouveau projet d'extension sur la mer de Monaco pour 2025
La population mondiale augmente de jour en jour. Nous sommes aujourd’hui aux alentours de 8 milliards et les prédictions tendent vers plus de 10 milliards en 2100.
Nous sommes tous touchés par cette évolution démographique y compris Monaco.
Monaco est l’un des plus petits pays du monde, sa superficie est de 2 km2 et sa population est passée de 37 550 personnes en 2016 à 39 050 personnes en 2022.
Face à cette constante augmentation de la population et à l’attrait de ce pays, Monaco s’est posé la question de comment augmenter le nombre de logements sur ce territoire exigu.
« La Principauté est en croissance démographique, elle a besoin d’attirer un certain nombre de gens et jusqu’à la frontière terrestre, c’est très construit. Il reste un espace de liberté, c’est l’espace marin, c’est ça l’origine du projet », reprend M. Hirsinger Directeur de Grand Projet Bouygues TP
Néanmoins, du fait de sa superficie et de son développement, Monaco s’est toujours demandé comment agrandir son territoire.
Et ce besoin commence dès la fin de la Belle Epoque, au début des années 1900.
C’est sous le règne du Prince Rainier III (le “Prince bâtisseur”) que commencent les extensions.
Celui-ci se rend vraiment compte qu’il faut développer l’économie locale en incluant le secteur industriel. Dans les années 1950 c’est le quartier du Larvotto qui se développe et dès les années 60 c’est le quartier de Fontvieille qui fait augmenter la superficie de 20%.
Monaco se voit obligé d’adapter son urbanisme à la forme exiguë de son territoire.
Voilà pourquoi Monaco développe un nouveau projet d’urbanisation en mer à l’Anse du Portier.
Ce projet se nomme "Mareterra" ou "l’alliance entre la terre et la mer".
Les méthodes constructives se veulent quasiment inédites afin de minimiser l’impact des travaux sur l’environnement.
Le but est de gagner 6ha sur la mer en construisant :
- 110 appartements,
- 10 villas,
- 600m de pistes cyclables
- Un parc public
- Des commerces
- Une extension du Grimaldi Forum
- Un port d’animation d’une trentaine d’anneaux
- Des équipements publics dont un parking
- Une promenade littorale
C’est un chantier dont le prix s’élève à 2 milliards d’euros. Architecturalement parlant il est confié à Renzo Piano et à l’agence Valode et Pistre.
Renzo Piano avait déjà travaillé pour Monaco dans le quartier voisin et va donc créer une continuité du style architectural, notamment avec le grand immeuble qui porte son prénom.
Par ailleurs, il est aussi prévu qu’il installe quelques-unes de ses célèbres bouches d’aération que nous retrouvons par exemple au Centre Pompidou.
Bouches d'aération au Centre Pompidou à Paris - © Le Centre Pompidou (lartnouveau.com)
De plus, c’est Michel Desvignes, paysagiste reconnu, qui va coordonner toute la partie verdurée.
« En tout, il y aura près de 1000 arbres plantés sur ce site, avec notamment des grands pins qui ont été acclimatés en bord de mer depuis des années », précise Denis Valode.
Développement du projet
Ce projet se situe entre deux réserves marines protégées celle du Larvotto et celle du tombant des Spéluges c’est pourquoi il a fallu être très vigilant lors des travaux.
L’infrastructure de ce projet a majoritairement été construite par voie maritime.
Elle est constituée d’un terre-plein entouré d’une ceinture de caissons en béton, eux-mêmes posés sur un remblai sous-marin.
En 2014 le groupement constitué de SAM l’Anse du Portier et de Bouygues Travaux Publics a réalisé une étude d’impacts afin de bien comprendre les enjeux environnementaux du site pour les intégrer au cœur même de la conception du projet et de ses méthodes de réalisation.
C’est pour cela que le chantier a démarré avec des mesures environnementales :
Les 47 nacres protégées ont été déplacées vers la réserve marine du Larvotto, de même que les herbiers de Posidonie qui ont été déplacés.
Par ailleurs, des appareils afin de surveiller en continu la turbidité sont mis en place ainsi que deux écrans sous-marin anti-turbidité. Ils ont servi à limiter les remous et la diffusion de particules empêchant la lumière de passer.
Des dispositions ont également été prises pour les “bennes écologiques” : des pelles qui se ferment hermétiquement en évitant la dissémination de particules pendant la remontée des sédiments.
En plus de ces dispositions des plongeurs sont très régulièrement sur site et retirent parfois les sédiments déposés. Par ailleurs, afin que les mammifères marins soient le moins impactés possible une surveillance de bruits sous-marins a été mise en place.
Une petite définition pratique (Larousse)
Turbidité : Caractère plus ou moins trouble d'un liquide ; grandeur mesurant ce caractère
Courant de turbidité : Courant sous-marin charriant à forte vitesse des particules en suspension (argile, limon et sable mêlés) et s'écoulant sur le lit des canyons en traversant des couches de densité moindre.
Afin de respecter également les habitants et de les déranger le moins possible dans la création de ce nouveau quartier, un écran de protection phonique est construit le long du rivage. En effet, le but est de limiter l’impact sonore de même que visuel sur les riverains.
Par ailleurs, il est prévu que ce nouveau quartier soit qualifié d’écologique avec la pose de 4500m2 de panneaux solaires, des systèmes de récupération des eaux de pluie qui assureraient 50% de réutilisation, des pompes thermiques. Grâce à cela une moyenne de 80% du chauffage serait généré par les énergies renouvelables.
Planning projet
Calendrier
- Début 2013 : annonce du projet d’extension du territoire
- Mai 2013 : appel à candidature internationale
- 2015 : études d’impact
- Juillet 2015 : désignation du lauréat, le groupement SAM l’Anse du Portier/Bouygues Travaux Publics. Signature du Traité avec l’État qui porte sur l’ensemble du projet
- Août 2015-mai 2017 : démarrage des études de conception et de protection de l’environnement
- Juillet 2016 : entrée en vigueur de la loi de désaffectation
- Août 2016 : début de la phase préparatoire aux travaux, mise en œuvre des actions de protection des espèces animales et végétales.
- Février 2017 : mise en place de l’écran acoustique
- Avril 2017 : début des travaux maritimes à Monaco par la phase de retrait des enrochements puis le dragage des sédiments pollués
- Juin 2017 : début de la phase de dragage de la seconde couche de sédiments
- Décembre 2017 : début de la mise en place du remblai
- Été 2018 : début de la pose des caissons
- Fin 2019 : fin de la phase de mise en place des caissons
- 2020 (premier semestre) : fin de la ceinture littorale
- 2020 (second semestre) : fin de l’infrastructure maritime et démarrage de la construction du nouveau quartier
- 2022 : fin de la construction des premières villas
- 2024 : fin de la construction du port et de l’extension du Grimaldi Forum
- 2025 : livraison de l’ensemble du quartier
Une fois la biodiversité sous-marine protégée et les mesures phoniques mises en place les travaux de dragage peuvent débuter.
Les vases présentes sont extraites grâce à une pelle équipée d’une benne écologique étanche évitant la mise en suspension de matériaux.
La première couche qui constitue l’enrochement de la digue est déposée afin de créer des récifs artificiels écologiques à proximité.
De plus, pour ne pas augmenter la turbidité, une drague aspire les sédiments sans rejeter l’eau et les achemine vers un lieu de dépôt spécialement choisi pour le respect de la faune et la flore à 200m de profondeur.
Le fond rocheux étant mis à nu c’est à ce moment que le remblaiement peut commencer.
Ce sont dans les carrières que sont élaborés les matériaux qui sont stockés et lavés sur le port de Toulon avant d’être chargés sur un navire spécialisé pour être livrés à Monaco.
Cette opération de livraison dure pendant 10heures de trajet.
Ensuite, un tuyau robotisé les achemine au plus proche du fond marin.
Le niveau définitif atteint, le remblai peut être vibro-compacté par des engins flottants puis réglé grâce à un niveleur sous-marin.
La création des 18 caissons en béton armé est réalisé de manière parallèle dans le port de Fos sur mer.
Ces caissons vont constituer la ceinture de protection du nouveau quartier. Ils mesurent 26m de haut et pèsent dix mille tonnes chacun. (C’est l’équivalent d’un immeuble de 11 étages)
Leur construction est réalisée en coulage continu dans une grande structure flottante nommée “caissonnier”. (Le caissonnier est un prototype construit spécifiquement pour ce projet)
Le béton est donc coulé et le poids de sa structure augmente, ce qui fait que l’ensemble caisson + “caissonnier” s’enfonce lentement.
Une fois les caissons mis en flottaison, ils sont achevés, préparés et enfin acheminés vers Monaco pour être échoués sur le remblai d’assise. Ils sont alors ballastés à l’eau de mer puis lestés avec des matériaux de carrière.
Les caissons sont donc acheminés les uns après les autres au rythme de deux par mois. A noter qu’il faut deux jours depuis Marseille pour amener un caisson.
La façade des caissons est équipée de dispositifs destinés à accueillir la faune et la flore marine. Ce système a été mis au point par les équipes de recherche et de développement de Bouygues travaux Publics et des spécialistes de la restauration écologique.
Ils ont chacun une forme unique qui a été choisie par l’architecte lors du développement premier du projet. Les courbes suivent les courants marins afin d’offrir la résistance la plus faible et une pression diminuée sur les rambardes du futur quartier.
Cette ceinture achevée il est alors temps de démarrer la construction du terre-plein qui est constitué de sable marin extrait du Nord de la Sicile par une drague aspiratrice refoulant un mélange de sable et d’eau qui décantent à l’intérieur de la nouvelle enceinte.
Ces processus sont mis en place afin de limiter la turbidité.
De nombreux travaux de renforcement sont alors mis en place et la plateforme est enfin prête à accueillir le nouvel écoquartier.
Par ailleurs, les ouvrages maritimes éco-conçus ainsi que les récifs artificiels créent de nouveaux corridors écologiques.
De plus, l’autre réserve naturelle du tombant des Spéluges sera restaurée.
Ce projet semble presque parfait en tous cas sur le point écologique.
Les espèces protégées ont été sauvées et déplacées, le fond marin bien étudié afin que la faune et la flore marine ne souffre pas de cette nouvelle construction.
Quant à celle-ci elle est fournie en panneaux solaires, l’eau de pluie est récupérée, etc
Néanmoins des réfractaires sont quand même présents et s’expriment face à la création de ce nouveau quartier.
Notamment certaines associations et le biologiste Alexandre Meinesz qui estime que les petits fonds marins sont détériorés
“Il y a d'une part le critère temporel, le temps qu'il faut pour que la nature revienne à son état naturel. Puis il y a le critère quantitatif, pour déterminer la taille de l'endroit touché. Il faut toujours avoir ces deux critères en tête", dit-il.
Projet en janvier 2024 :
Un peu de mer en moins pour un quartier en plus.
Les fondations terminées, les constructions extérieures ont déjà commencées et bien avancées.
D’ici 2025 nous verrons donc ce quartier émerger
Article rédigé par Morgane F.
Quelques vidéos
Construction de la ceinture :