Publié le 29/08/24
par Collaborateur Oxiam

La résilience des villes face aux inondations

La résilience au sens étymologique du terme “resilio, resilire” a plusieurs significations qui semblent avoir donné naissance à deux termes bien distincts. Une signification correspond au fait de renoncer, de se dédire (Gaffiot). Le verbe résilier provient de cette signification. La deuxième signification correspond au fait de sauter en arrière ou de rebondir (Gaffiot). C’est la notion qui nous intéresse et que nous retiendrons dans cet article.

En France ce sera Boris Cyrulnik, psychiatre et psychologue qui va d’abord en parler. Il pensait que les pires traumatismes peuvent être vaincus et surmontés, que chacun peut rebondir. Il croit fortement que la résilience est “un processus complexe par lequel les blessés de la vie peuvent déjouer tous les pronostics.” (Mesnard) C’est le fait de surmonter un tel traumatisme qui permet de mettre en place un processus de résilience. Pour lui, le traumatisme est alors l’agent de la résilience. Alors, comme il existe chez certains individus des facteurs de vulnérabilité au traumatisme, il existe un certain potentiel de résilience chez d’autres. (Mesnard) Plus généralement dans la psychologie, la résilience va être utilisée pour le passage de l’enfance à l’adolescence. Mais, la résilience va être définie dans plusieurs domaines.

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Nous allons maintenant introduire la notion de vulnérabilité. Très souvent la vulnérabilité est considérée comme une notion négative et la résilience positive. Cependant l’opposition entre les deux termes n’est, pour nous, pas justifiée.

La vulnérabilité aborde l’endommagement. Nous essayons de le réduire suite au passage d’une inondation. On cherche alors à limiter les dommages directs et indirects. Est la résilience la capacité de récupération. (Pottier et Barroca, 2012). Nous nous interrogeons sur la capacité d’un système à retrouver un fonctionnement normal même si celui-ci est différent du fonctionnement premier. Par exemple comment maintenir le fonctionnement en mode dégradé et protéger les fonctions essentielles.

Le concept de résilience urbaine, c’est à dire la notion qui nous intéresse, réinterroge la façon de penser le système urbain et ses perturbations. Aujourd’hui, l’application du concept de résilience se traduit essentiellement dans la conception de bâtiments dits résilients c’est à dire construits de manière à subir le moins de dommages possibles.

Mais outre les bâtiments nous voulons penser plus généralement la lutte contre les conséquences des inondations. La résilience proactive permet d’anticiper dans les zones à risque et de prendre des mesures de gestion des risques.

Lorsqu’on parle de résilience urbaine, nous pouvons faire deux lectures :

  • La résilience urbaine est synonyme d’une gestion intégrée de risques urbains, généralement opposée au concept de vulnérabilité
  • la résilience urbaine est synonyme d’une capacité de récupération et de rebond qui nécessite des impacts pour s’exprimer sans opposition au concept de vulnérabilité.

C’est cette partie qui nous intéresse. La ville est vulnérable de part le risque d’inondation et nous pensons qu’un rebond de celle-ci sera nécessaire après la catastrophe pour qu’il y ait résilience. Nous expliquons alors deux processus :

RÉSILIENCE DE TEMPS COURT

La résilience d’un système suite à sa perturbation, c’est le fait de s’adapter pour répondre aux dysfonctionnements, la capacité de réaction face à une perturbation.

Afin d’améliorer la résilience de temps court il existe deux leviers :

a-stratégie technique visant à limiter le degré de perturbation du système par une meilleure capacité de résistance et d’absorption (Serre, 2011)

b-stratégie plus organisationnelle visant à accélérer le retour à la normale par une gestion optimisée des moyens et des ressources et une bonne accessibilité

RÉSILIENCE DE TEMPS LONG

La résilience qui tient compte de l’apprentissage et de l’adaptation du système face aux risques. Elle se construit en période “normale” pour mieux préparer la ville à maintenir ses fonctions face à une perturbation et à maintenir dans la trajectoire idéale de la durabilité. Alors, la capacité du système à fonctionner en mode dégradé est un troisième levier d’action qui forme avec les deux premiers, le triangle de résilience (Tierney et Bruneau, 2007)

Alors, lorsque nous parlons de résilience urbaine, nous pouvons définir cela comme la capacité à accomplir les étapes nécessaires à un nouveau fonctionnement acceptable et à la mise en place de processus d’apprentissage et d’adaptation de ce nouveau système.

En effet, lorsqu’une inondation frappe une ville et par conséquent un réseau, celle-ci doit être capable de mettre en place un nouveau fonctionnement rapidement. C’est à ce moment que nous pouvons utiliser les étapes de la post catastrophe vue précédemment. Différents critères ont été listés afin de faciliter le rétablissement d’une ville lors d’une inondation.

Par exemple, et comme vu précédemment, la réduction de la vulnérabilité. Cela nécessite tout d’abord d’identifier les enjeux de l’aléa et la capacité de ceux-ci à faire face à la catastrophe. Ensuite de distinguer l’endommagement matériel des enjeux agissant sur leurs caractéristiques ainsi que sur la dépendance de leur fonctionnement à d’autres composants ou ressources.

Nous pouvons alors apercevoir quelles activités sont dépendantes du réseau électricité pour fonctionner par exemple. Celles-ci seront alors très vulnérables en cas de crise si le réseau électrique est touché. Voilà pourquoi, dans ce cas l’anticipation est primordiale, elle permet de construire une capacité à faire face ainsi que d’organiser la phase post crise.

En outre, la résilience a également un caractère d’adaptabilité qui permet de voir sur le long terme.

De part cette introduction sur la résilience urbaine nous pouvons convenir qu’une ville résiliente est une ville :

  • qui connait les risques et les vulnérabilités de son territoire
  • ouverte aux changements, aux influences positives
  • diverse, complexe mais constitutive d’un écosystème commun intégré, interconnecté et redondant
  • ouverte aux autres et sur l’extérieur, tout en étant solidement ancrée dans son territoire
  • qui réduit son empreinte écologique par sa frugalité et en s’appuyant sur des ressources locales et renouvelables
  • interdépendante, elle fait l’objet d’un cycle permanent avec un métabolisme bénéficiant d’un approvisionnement alimentaire et énergétique local
  • non productrice de déchets, considérés comme des ressources
  • Qui travaille sur la mémoire des traumatismes avec ses citoyens

Pour nous la résilience urbaine peut s’apparenter à un développement qui permet un nouveau modèle urbain. Celui-ci serait de rattacher l’Homme et son environnement. Il n’y aurait donc plus de discorde entre les deux milieux.

Par ailleurs, dans cet article nous nous interrogeons sur la résilience urbaine face aux inondations. Comment inventer un nouveau récit qui envisagerait les inondations de façon positive et pourrait redonner à la population une culture positive de l’eau. Nous savons que les inondations sont certes inévitables mais la manière de réagir face à celles-ci est-elle contrôlable et adaptable.

L’Anthropocène est l’un des résultats des activités de l’humanité. Aujourd’hui, pour la première fois, l’Homme a plus d’impact sur son environnement que la nature : nos activités transforment les paysages avec une intensité plus forte encore que les forces de la nature. Nous façonnons un monde nouveau, et ceci à l’échelle planétaire, ce qui fait dire à un nombre grandissant de personnes que nous avons quitté l’Holocène qui a duré 11 000 ans pour entrer dans une nouvelle période de l’ère géologique du quaternaire : l’Anthropocène.

Et, de nombreux risques naturels voient le jour notamment celui de l’inondation qui est l’un des premiers risques naturels en France c’est à dire qu’un tiers des communes est impliqué. Si nous donnons des chiffres, ce sont 85 000 km2 de zones inondables avec 7 millions de personnes qui y résident. Les dégâts sur ces zones représenteraient 230 millions d’euros par an. Les inondations sont donc l’aléa qui touche le plus de personnes dans le monde.

Nous aimerions revenir sur la définition de l’aléa pour ne pas faire de confusion, l’aléa est l’étude du phénomène naturel lui-même. Dans nos écrits, l’aléa est donc l’inondation. Alors que le risque est l’étude de cet aléa sur un territoire, c’est à dire les conséquences des inondations sur site.

Le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) dans son rapport du 28/3/2012 insistait sur la nécessité d’accélérer les processus globaux d’adaptation au changement climatique. L’accélération de ce changement provoque en effet de plus en plus de catastrophes dites ‘naturelles’, des phénomènes d’une très grande violence qui ont tendance à se reproduire de plus en plus souvent, notamment les inondations

De plus, cela ne date pas d’aujourd’hui. Entre le XVeme et XIXeme siècle il s’est produit deux à trois inondations par ville et par siècle. En outre, il y a 1% de probabilité chaque année qu’une inondation centennale se déclenche alors qu’un séisme grave a dix fois moins de chance de se produire. Lorsque les urbanistes ont pensé les quartiers et prévu pour ceux-ci une longévité des infrastructures de 80 ans, le fait de voir émerger un risque de crue centennale de 65% et de crue cinquantenaire de 95% n’a certainement pas été pris en compte dans cette ampleur. Il est donc nécessaire de se tourner vers ces catastrophes pour les comprendre et pouvoir les prévenir car aujourd’hui il est manifeste que les zones touchées par celles-ci ont beaucoup de mal à se rétablir. Effectivement, lorsqu’un quartier est atteint il peut mettre plusieurs jours à se remettre. Tout d’abord, les habitations, les entreprises peuvent ne plus être viables surtout si elles sont inondées pendant plus de 24 heures à plus de 30cm et en outre l’inondation peut aussi propager les endommagements notamment sur les réseaux de quartiers qui ont pu ne pas être touchés par l’inondation. Cela a donc des conséquences sur les voies de communication, les moyens de transport, etc

L’inondation est, de fait, un aléa inévitable et nous pensons qu’à défaut de chercher à tout prix des solutions pour résister et batailler contre celle-ci, nous devrions à l’ère de l’Anthropocène s’harmoniser avec cet évènement et en retirer quelque chose de positif. Nous pensons que c’est ici que l’enjeu de la ville résiliente se situe

En outre, il existe différents types d’inondations :

  • inondation à montée lente : c’est à dire que l’eau sort doucement de son lit et inonde le territoire peu à peu
  • inondation à montée rapide : contrairement à la précédente c’est lorsque la population n’a pas le temps de se préparer, soit que les prévisions météo soient erronées, soit qu’elles manquent de précision. Lors de très fortes averses ou orages, les eaux de ruissellement de cours d’eau en pente forte ne peuvent plus s’évacuer normalement et la rivière ou le fleuve déborde, il est souvent transformé en un violent torrent qui emporte tout avec lui brutalement et rapidement, souvent en moins de 12 heures.
  • inondation par ruissellement pluvial : dans ce cas on retrouve l’impact des aménagements effectués par l’homme au bord des fleuves ; souvent les sols ont été imperméabilisés pour permettre l’habitat et la voirie, ce qui implique que l’eau ne peut plus y rentrer rapidement, son niveau monte donc et fait déborder le réseau d’assainissement (eux de pluie et eaux usées). Ces eaux envahissent ensuite l’espace, en ville cela est qualifié de ‘ruissellement urbain’.
  • inondation par submersion marine : Cela est provoqué par des phénomènes qui vont de la forte houle au tsunami, venant dévaster la zone littorale. En général, cela se produit du fait d’une conjonction de facteurs : marée montante associée à une tempête, vents tempétueux, les exemples ne manquent malheureusement pas, témoin la dévastation de St Martin en 2017

Les crues se produisent du fait de l’augmentation de la quantité d’eau s’écoulant dans le fleuve, c’est donc des inondations à montée rapide ou lente.

Cependant, une crue ne constitue pas forcément de risque et n’entraîne donc pas forcément d’inondation. Plusieurs causes influent sur les crues, elles sont soit naturelles, soit anthropiques (réalisées par l’Homme). Les éléments naturels peuvent être la pluie, la nature du sol, son occupation, la topographie tandis que les éléments anthropiques concernent l’urbanisation, l’endiguement et l’entretien de digues et des sols, etc.

Néanmoins, les crues, lentes ou rapides, ont des origines météorologiques différentes :

  • les crues générées par des averses liées aux perturbations atlantiques classiques : ces crues se déroulent entre décembre et mi-avril. A ce moment de l’année, l’anticyclone des Açores se positionne à de basses latitudes et laisse sur l’Europe Occidentale le champ libre aux déformations du “front polaire” et aux perturbations associées. Pratiquement tout le Sud-Ouest est touché par des pluies d’intensité de 15 à 70 mm/j durant de 2 à 4 jours
  • les averses et crues dites pyrénéennes : celles-ci surviennent d’avril à fin juin. Un anticyclone océanique est présent vers le Nord ce qui force les perturbations à “descendre”. Ce sont les averses les plus fréquentes et celles qui provoquent la plupart du temps les grandes crues de la Garonne.
  • le mauvais temps orageux du Sud-Est qui provoque les crues méditerranéennes : le vent d’Espagne pousse parfois les averses vers la Garonne.
  • les inondations de type maritime : ces inondations ont rapport avec la marée qui remonte dans les fleuves. Le volume sera géré par l’importance de la marée, la surcôte océanique ainsi que les vents.

Nous comprenons donc que les crues sont en partie gérées par le vent. Lorsque celui-ci est accompagné de surcôte ou de marée, les crues sont d’autant plus importantes.

La politique de l’eau s’organise donc en réseaux et nécessite une coordination des échelles pour permettre une mise en œuvre de mesures cohérentes. C’est alors que la notion de vulnérabilité intervient. En effet, les enjeux des territoires ne sont pas les mêmes et pour définir l’inondation, il faut définir l’enjeu. Cela dépendra donc de la vulnérabilité des territoires. Mais tout ceci n’est pas simple à déterminer car il faut estimer l’importance des dégâts et la capacité de résistance de l’enjeu.

La culture du risque : un enjeu pour les villes d’aujourd’hui

Autre notion qui entre en jeu est la culture du risque. Celle-ci est marquée par la mémoire des évènements. Or, la plupart des populations “oublient” les catastrophes du passé. De part cet oubli, il ne peut y avoir de culture du risque et donc d’évolution lors des catastrophes. Selon Stéphanie Baggio qui est chercheuse en psychologie environnementale, les représentations sociales sont très importantes. C’est à dire que la conscience du risque est liée aux valeurs, aux normes et aux conditions de vie. Pour elle, “la perception du risque est socialement, culturellement et historiquement ancrée en fonction des groupes sociaux, de leur histoire et de leurs expériences.” Nous comprenons alors que les inondations et les comportements qui en résultent sont inspirés du territoire et de la population qui l’habite

Nous tenons, par ces paragraphes, à souligner que la culture du risque et de l’eau est propre à chaque territoire et sa population. Cela découle de leur histoire et du risque auquel ils sont soumis. C’est pourquoi nous pensons qu’afin de comprendre et appréhender une gestion du risque dans un territoire, il est nécessaire de connaitre la culture du risque et de l’eau de celui-ci. Nous croyons, que la culture du risque est négligée et que cela renforce la vulnérabilité des territoires.

Les inondations ne sont, pour nous, pas une fatalité mais un phénomène réel à imaginer de manière positive. C’est pour nous le début d’action de la résilience d’une ville, repenser la crainte des inondations. Cependant, afin qu’une société enrichisse sa culture du risque il est nécessaire qu’elle se rende compte de sa vulnérabilité pour pouvoir déployer une conduite appropriée face à ce risque. Nous savons, qu’aujourd’hui, l’inondation est perçue comme un malheur de par les enjeux que cela représente mais nous pensons que ce regard pourrait changer pour devenir l’occasion de pouvoir développer un territoire résilient et de penser un aménagement qui prend en compte le risque. En effet, pour nous, il ne s’agit plus de créer un territoire qui se protégerait a 100% contre l’inondation mais plutôt d’accepter l’existence de celle-ci. Alors que « la préoccupation de la vie humaine constitue une tendance forte de nos sociétés développées », penser la ville résiliente est devenu incontournable (Serge Tisseron). S’intéresser positivement au risque, plutôt que négativement, conditionne la façon d’envisager le développement territorial.

EXEMPLE À L’ÉCHELLE D’UNE VILLE : COPENHAGUE

Le 2 juillet 2011, de vastes zones de la ville de Copenhague ont été inondées en moins de deux heures. Cela a causé des dommages d’environ un milliard de dollars. C’était une tempête extrême où 150mm de pluie ont laissé de grandes zones de la ville sous un mètre d’eau. Par ailleurs, il y avait déjà eu une inondation en août 2010 puis une nouvelle en 2014. Les conséquences de l’inondation ont transcendé les frontières juridictionnelles ce qui a nécessité un véritable effort de collaboration entre les planificateurs, les ingénieurs, les économistes, les citoyens, les fournisseurs de services publics, les politiciens et les investisseurs pour intégrer l’adaptation au climat à la planification réglementaire. En effet, Copenhague s’est rendu compte que les inondations n’étaient pas un événement isolé ; la menace s’aggrave alors que le niveau de la mer dans les ports devrait augmenter d’un mètre d’ici 2110.

Dans une ville où de nombreux bâtiments et services sont situés sous le niveau de la rue et où les eaux pluviales et les eaux d’égout se trouvent dans un système de conduites combinées, les eaux de crue contaminées ont pénétré dans les bâtiments et les infrastructures urbaines. Copenhague est en première ligne du changement climatique et subit des épisodes de pluie de plus en plus violents. Elle est également à la pointe de l’innovation urbaine avec la vision de transformer sa ville en une ville durable et neutre en CO2, d’ici 2025.

Ramboll et Ramboll Studio Dreiseitl ont été invités à créer un “Cloudburst Concretization Masterplan” («Schéma directeur de concrétisation en averse») pour huit bassins versants du centre-ville (Norrebro, Ladegardsaen et Vesterbro, Valby et Vanlose). Ils couvrent une superficie totale de 34 km². La stratégie aborde les problèmes clés de la gestion des inondations et de la qualité de l’eau tout en cherchant à créer la plus grande synergie possible avec l’environnement urbain. Une boîte à outils «cloudburst» d’interventions urbaines, telles que des boulevards cloudburst, des parcs cloudburst, des places cloudburst, constitue la base d’un système dynamique et multifonctionnel. Cette nouvelle génération d’infrastructures “Blue-Green“ aborde des services urbains essentiels tels que la mobilité, les loisirs, la santé et la biodiversité en créant une approche stratégique et réalisable pour assurer la résilience à long terme et la dynamique économique.

C’est un modèle flexible et adaptable universellement pour atténuer les inondations extrêmes de plus en plus courantes par le biais de solutions “Blue-Green”. Ces solutions intègrent des analyses de planification urbaine, de circulation et hydrauliques à des stratégies d’investissement solides pour améliorer la qualité des villes. L’espace urbain existant est précieux. Une analyse coûts-avantages, menée sur le bassin versant de 10 km2, a conclu que la possibilité de mettre en œuvre une approche d’abord en surface pour atténuer les effets des inondations sur des systèmes basés uniquement sur des conduites réduisait les coûts d’investissement de plus de 200 millions de dollars.

Plus de 300 projets pilotes ont été identifiés dans toute la ville. De plus, l’intégration des directives de conception de gestion des inondations dans les exigences des développeurs locaux et les tests de l’applicabilité de la formule Copenhague Cloudburst ont été approuvés en Europe, Amérique et en Asie. Globalement, l’impact du changement climatique est une question qui ne peut plus être ignorée.

MÉTHODOLOGIE INNOVANTE AVEC DES SOLUTIONS PRAGMATIQUES

Les solutions de drainage traditionnelles telles que les réservoirs souterrains deviennent de moins en moins viables car les services publics occupent plus d’espace souterrain. Les phénomènes météorologiques extrêmes ne peuvent pas être gérés par les systèmes de canalisations classiques et leur occurrence devient plus difficile à prévoir. Les infrastructures conventionnelles sont généralement considérées comme des éléments techniques, souterrains et cachés, tandis que les solutions Blue-Green sont de faible technologie, en surface et interactives.

L’approche Blue-Green développe une relation synergique entre les deux, intégrant des solutions d’adaptation au climat dans les limites réduites de l’espace urbain en encourageant une solution utilisant le meilleur des deux techniques. Les plans de concrétisation de Copenhague ont été mis en place pour lutter contre le changement climatique après les inondations de 2011. Ces plans intégrés et multidisciplinaires comblent le fossé entre la planification et les solutions spécifiques à un site grâce à l’application de la boîte à outils Cloudburst.

Le processus a été officialisé sous le nom de “Copenhagen Cloudburst Formula”, une procédure en six étapes pour intégrer l’approche Blue-Green :

DONNÉES ET ENQUÊTES

La ville a enquêté, identifié et classé les zones en fonction de leur menace globale due aux indicateurs de risque Cloudburst, de leur potentiel de générer des investissements et d’influencer la valeur de la propriété et de la viabilité de la mise en œuvre affectant les développements adjacents.

MODÉLISATION ET CARTOGRAPHIE

Les municipalités ont divisé leurs régions en bassins de captage des eaux pluviales tout en élaborant des modèles hydrologiques à grande échelle (SIG, eaux de surface, eaux usées, caractéristiques du paysage, évaluations des risques) pour cartographier les zones vulnérables. La conclusion est que les solutions traditionnelles de tuyauterie ne suffisaient pas. Les sociétés de distribution d’eau publique ont donc commencé à financer des solutions intégrant les événements Cloudburst.

COÛT DE NE RIEN FAIRE

Une analyse effectuée par la ville et des consultants a montré que les effets du changement climatique étaient si importants que le coût de ne rien faire coûterait environ 60 à 90 millions de dollars par an d’ici 2110.

CONCEVOIR ET QUALIFIER

Des points chauds ont été identifiés, transférant la planification stratégique à des expériences à échelle humaine en tant que modèle permettant de voir comment d’autres villes peuvent atténuer les effets de la pollution par les Cloudburst et les épisodes de pluie quotidiens. La « boîte à outils Cloudburst » a été développée en tant que palette d’éléments polyvalents, multi-fonctionnels et d’application universelle.

IMPLICATION ET ITÉRATION

Les “cloudbursts” influenceraient chaque quartier de Copenhague. Une stratégie globale pour un programme de participation du public a été établie pour évaluer les besoins des citoyens qui seraient touchés.

ECONOMIE

Une analyse socio-économique détaillée coûts-avantages (CBA) a testé deux options de plan directeur. L’option avec le pourcentage le plus élevé de solutions Blue Green et également le moins d’améliorations supplémentaires des conduites d’infrastructure a généré une économie potentielle de 50% supérieure à celle des solutions classiques. Des avantages sociaux qualitatifs supplémentaires tels que des améliorations de la santé, de l’environnement et de la qualité de l’espace des zones urbaines résultant des améliorations pourraient potentiellement pousser ce chiffre encore plus haut

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La résilience est donc un thème actuellement très “à la mode”.

En effet, il est utilisé dans de nombreux domaines :

  • écologie
  • économie
  • gouvernance
  • informatique
  • armement et aérospatial

C’est un thème qui connait un franc succès, qu’il ne faudrait néanmoins pas dévoyer. Cela constitue une réponse au fait que nous vivons aujourd’hui dans une société dans laquelle le danger est omniprésent. En effet, outre les catastrophes naturelles pour la plupart dues au réchauffement climatique, le monde géo politique est instable et incertain, sans même parler des attentats meurtriers.

Voilà pourquoi nous pensons que le concept de résilience est important et prend un sens nouveau. Pour nous, c’est un moyen de continuer à vivre dans une société où le risque de traumatisme est davantage présent.

Quelques outils mis en place dans les villes en France et dans le monde

Making Cities Resilient 2030 (MCR)

C’est un partenariat mondial qui est destiné à renfoncer le concept de résilience justement au niveau mondial.

Son but est d’assurer la résilience et la durabilité des villes d’ici 2030.

La MCR 2030 prend en compte ces besoins :

  • Le parcours vers la résilience est propre à chaque ville
  • Les synergies de partenaires aident les villes à atteindre une grande résilience
  • Les stratégies de RRC (réduction des risques de catastrophe) et de résilience ne peuvent pas être isolées, elles doivent être élaborées en cohérence avec d’autres cadres mondiaux
  • Les villes doivent avoir accès à différents outils, partenaires et service en fonction des étapes de leur parcours de résilience
  • L’accès au financement est l’un des principaux obstacles au renforcement de la résilience
  • Les villes elles-mêmes sont les meilleurs maître
  • L’intégration verticale entre les gouvernements et les administrations locales contribue à la durabilité
  • Le secteur privé doit être associé au processus dès le début pour mettre en valeur ses atouts

De manière plus précise cela permettra :

  • Que davantage de villes s’engagent à réduire les risques de catastrophes climatiques et renforcent la résilience de leur ville. En améliorant le facteur de durabilité en mettant en œuvre les plans de réduction des risques de catastrophe, d’adaptation aux changements climatiques et/ou résilience
  • Que le nombre de partenariats sur la résilience augmente

Objectifs stratégiques de la MCR 2030

Objectif stratégique 1.

Permettre aux villes de mieux appréhender les risques et garantir leur engagement en faveur de la réduction des risques de catastrophe (RRC) et de la résilience au niveau local, par :

▪ La fourniture de données et ressources factuelles expliquant pourquoi et comment les villes peuvent réduire efficacement les risques liés aux catastrophes et les risques climatiques, afin d’améliorer leur résilience et leur durabilité urbaines ;

▪ Le renforcement de leur compréhension des risques localisés et systémiques, à la faveur d’activités de sensibilisation.

Objectif stratégique 2.

Renforcer la capacité des villes à élaborer des stratégies et plans locaux pour améliorer leur résilience, par :

▪ L’amélioration de leurs compétences en matière d’auto-évaluation et de diagnostic ;

▪ La fourniture d’une formation et d’outils adaptés pour une planification stratégique visant à prévenir les risques de catastrophe et les risques climatiques et pour un développement tenant compte des risques.

Objectif stratégique 3.

  • Aider les villes à mettre en œuvre des stratégies et plans locaux pour renforcer la résilience, par :
  • Un accès au financement pour soutenir la RRC et l’adaptation aux changements climatiques et mettre en œuvre des initiatives de résilience ;
  • Le renforcement de la capacité des autorités locales à planifier, concevoir, construire et gérer des infrastructures résilientes ;
  • L’amélioration de la capacité des autorités locales à adopter une approche systémique de la résilience ;
  • La consolidation de la capacité des autorités locales à utiliser des solutions fondées sur la nature et à rechercher une approche innovante pour s’occuper de la résilience au niveau local.

Les objectifs transversaux incluront :

  • Le renforcement des liens verticaux entre les collectivités locales d’une part et les gouvernements et les associations nationales de collectivités locales d’autre part ;
  • La consolidation des liens horizontaux entre les partenaires locaux pour garantir

Le label Résilience France

Le label Résilience France Collectivités® est une aide gratuite apportée aux communes et intercommunalités. Outre le texte méthodologique utilisé par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) pour la mise en œuvre concrète des PCS (Plan Communal de Sauvegarde) , PICS (Plans Intercommunaux de Sauvegarde) moyens associés, le questionnaire constitue un outil simple, rapide et pratique.

Le Label Résilience France Collectivités est :

  • un vecteur de communication et de sensibilisation vers la population
  • une reconnaissance et une valorisation du travail, ainsi que de l’engagement des acteurs territoriaux
  • un outil de management de la qualité et pilotage de l’amélioration (référentiel, indicateurs, évaluation, itération annuelle, etc.)
  • un outil de connaissance sur la résilience au travers des informations transmises régulièrement par l’adhésion au Haut Comité Français pour la Résilience Nationale (blog, événements, veille et analyses, newsletter, etc).

Le plus important est tout d’abord de se rendre compte de ses vulnérabilités, connaitre ses forces et ses faiblesses notamment grâce à une cartographie des risques. Il est important via ce moyen de préparer tout son écosystème y compris les citoyens.

Par la suite il faut se préparer. C’est à dire qu’il faut anticiper les perturbations qui peuvent arriver et faire des exercices pour les maitriser.

En outre, ce label existe depuis une quinzaine d’années et intègre deux résiliences très importantes dans la résilience des villes :

  • La résilience organisationnelle : elle est composée des différents plans de sauvegarde, du DICRIM, des alertes, de la gestion de la crise, de la continuité d’activité, ... etc
  • La résilience structurelle : cette résilience se passe davantage sur le long terme. Nous mettons en place des actions aujourd’hui qui vont permettre de réduire les vulnérabilités de façon très longue. Par exemple : adaptation au changement climatique, adaptation à la transition énergétique, adaptation à la transition technologique. Par exemple : Paris a débétonnisé des cours d’école pour recréer des espaces de fraîcheur afin de faire face à des risques de canicule

Ce label permet donc à la commune de s’auto-évaluer et de se rendre compte de ses lacunes et de ses points forts.

Depuis 2019 plus de 110 communes sont labélisées.

La ville d’Antibes, un exemple de ville résiliente labélisée

Exemple de la ville d’Antibes qui s’est exprimée lors de la conférence du Haut Comité Français pour la Résilience France Nationale (HCFRN) le 21 novembre 2023.

Nous avons compris comment la résilience était déclinée au sein de ce territoire.

Antibes a depuis 25 ans une organisation spécifique avec un service de sécurité civile appelé la protection civile urbaine. C’est un petit service de 6 agents qui sont mobilisés 365 jours par an et en astreinte 24/24h.

Ce service de sécurité de proximité permet d’agir en gestion de crise en plus des plans communaux de sauvegarde et des plans intercommunaux de sauvegarde.

En plus de ceci, Antibes travaille beaucoup sur la prévention. Le DICRIM est déjà intégré dans de nombreuses communes mais Antibes a mis en place un “DICRIM jeune” pour les enfants de 8/10ans. Les agents passent dans les écoles et expliquent de manière ludique les risque.
Cela permet de mettre en place l’enseignement de la culture du risque dès le plus jeune âge.

De plus, les enfants racontent à leurs parents ce qu’ils apprennent ce qui permet aux parents d’avoir une piqûre de rappel.

Par ailleurs, le réseau est également très important. En tant de crise il peut être coupé, endommagé c’est pour cela qu’Antibes s’entourent d’associations qui peuvent venir avec des radios afin de garder le contact global avec la population et le préfet afin de ne pas être totalement isolé.

De plus, des exercices sont également régulièrement mis en place. Des réserves nationales de sécurité civile sont créées afin d’intégrer les citoyens qui sont nombreux à vouloir s’engager.

Il est nécessaire ensuite de les former avec des associations de type la Croix Rouge.

Une des dernières actions mise en place est l’alerte à la population. C’est un processus très important car il permet aux citoyens d’être au courant de la menace.

La première solution est la sirène. Il y a également le service d’appel, c’est un service pour lequel les citoyens doivent s’inscrire et ils sont appelés ou un message leur est envoyé lors des crises.

Il y a également les publicités sur panneaux qui permettent de tenir au courant la population ainsi que les réseaux sociaux.

Une fois la crise passée vient le moment de la post-crise.

A ce moment, nous retrouvons également l’intérêt de la réserve communale qui aide à nettoyer, évacuer, etc.

Voici donc un exemple d’actions mises en place afin de rendre une ville résiliente.

Article rédigé par Morgane F.