Publié le 12/02/24
par Collaborateur Oxiam

La Tara polar station : Analyser l'Arctique en tant que gardienne du climat 

À partir de 2025, la Tara Polar Station passera 90 % de son temps emprisonnée dans la glace, explorant de près l'écosystème mystérieux de l'Arctique. Cette mission ambitieuse s'inscrit dans la stratégie polaire de la France. La station accueillera jusqu'à 12 personnes en hiver et jusqu'à 20 en été, comprenant des scientifiques, des marins, un chef mécanicien et un médecin. 

image 8
Modélisation de l'intérieur de la Tara Polar Station | Crédit Image : Fondation Tara Polar

La structure ronde et compacte en aluminium de la Tara Polar Station est conçue pour résister à la pression des glaces et aux températures extrêmement basses. En dérivant pratiquement immobile pendant plusieurs mois, le navire deviendra un observatoire et un laboratoire de la vie marine tout au long de l'année. Des drones marins et atmosphériques, des séquenceurs génomiques et des prélèvements à température contrôlée seront utilisés à bord. 

Le chantier naval de la base scientifique polaire dérivante a débuté à Cherbourg et devrait être achevé à l'automne 2024. 

Contexte et Objectifs 

L'océan Arctique constitue un environnement à la fois éloigné et extrême, encore largement méconnu de nous. Les défis auxquels font face les organismes vivants dans ce contexte, marqué par une saisonnalité extrême de la lumière, de la température et de la glace de mer, ainsi que leur survie pendant la longue nuit polaire couvrant près de la moitié de l'année, demeurent une énigme. Au fil des dernières décennies, cet écosystème unique a subi une menace croissante due au réchauffement climatique et à la pollution d'origine humaine. La célérité des changements observés dans cette région a des répercussions à l'échelle mondiale. Les objectifs à atteindre sont donc multiples : 

  • Approfondir notre compréhension de la biodiversité terrestre en explorant des zones actuellement inaccessibles. 
  • Découvrir les adaptations singulières qui ont évolué pour favoriser la survie dans ce milieu extrême. 
  • Étudier les implications de la fonte de la glace de mer et de la pollution sur ces écosystèmes particulièrement vulnérables. 
  • Examiner les populations de poissons de l'Arctique et évaluer l'influence de l'arrivée d'espèces plus tempérées. 

Caractéristiques 

Zone de texte

Conçue par l’architecte Olivier Petit et la Fondation Tara Océan, la station doit être en mesure de résister à des températures extérieures pouvant chuter jusqu'à -52°C. 

  • Longueur : 26 mètres 
  • Largeur : 16,1 mètres 
  • Tirant d’eau : 3,20 mètres 
  • Équipage : 18 personnes 
  • Poids : 258 tonnes à vide ; 423 tonnes en charge 
image 6

Construction  : un chantier en cours

Le chantier de construction de la Tara Polar Station est en cours chez CMN (Constructions Mécaniques de Normandie) de Cherbourg. 

La moon-pool, un dispositif similaire à un puits traversant la coque pour faciliter la descente et la remontée des équipements de prélèvement à l’intérieur et hors des eaux polaires, a été installée sur la table de montage. 

tara polar 2
Assemblage de la moon-pool de la Tara Polar Station | Crédit photo : Fondation Tara Ocean

Elle représente un élément crucial de la future station polaire dérivante, agissant comme un point de référence essentiel pour l'ensemble de la construction. La Fondation Tara Océan souligne dans un communiqué que toute erreur dans son positionnement entraînerait des conséquences irréversibles sur le reste de la construction de la future Tara Polar Station. Ce cylindre en aluminium d'un diamètre de 1,5 mètre facilitera les prélèvements dans les eaux polaires jusqu'à une profondeur de moins 2 500 mètres. 

La construction de la coque se déroulera en deux phases. La partie inférieure a été finalisée en fin d’année 2023. Suivrons l'assemblage de la superstructure et de la coque en mars 2024. Plus de 3 500 pièces au total sont prévues. 

 Les travaux d'aménagement intérieur débuteront au printemps, en préparation de la mise à l'eau planifiée en août. La livraison demeure programmée pour la mi-octobre 2024. La première expédition de la Tara Polar Station en Arctique est annoncée à ce stade pour la fin de l'année 2025. 

Ce projet, initié il y a une décennie avec un budget de 20 millions d'euros, dont 15,5 millions dédiés au chantier, bénéficie d'un financement à hauteur de 65 % de la part de l'État, dans le cadre de sa stratégie polaire. La Fondation Tara prévoit la réalisation de 10 missions en Arctique à partir de la fin de l'année 2025, avec un départ tous les deux ans. L'objectif principal est de documenter les impacts du changement climatique dans la région. Le pôle Nord se réchauffe de trois à quatre fois plus rapidement que le reste de la planète et demeure largement méconnu des scientifiques. "La vie, les poissons : on ignore totalement ce qui peuple l'Arctique", souligne la Fondation Tara. 

Article rédigé par Ramatoulaye D.